Le projet Les Veilleuses est né de l’envie d’évoquer des gestes fondamentaux, qui ont lieu dans les hôpitaux partout dans le monde et qui se passent souvent de mots. Ils surviennent dans des moments de grande fragilité ou des instants merveilleux, parfois dans des lieux où on préférerait ne pas se retrouver. Ces gestes sont accomplis par des hommes et des femmes qui veillent. Ils veillent aux soins des malades, des aïeuls, des blessés, des mourants, des nouveaux nés. Ils et elles sont infirmières, médecins, brancardiers, kinés, ou pratiquent d’autres métiers, qui parfois n’ont pas de noms. Ils sont tout autour de nous, le jour, la nuit, quand la terre tremble ou que le monde dérape, mais aussi quand le soleil se lève. Parfois on nous demande si ce métier n’est pas trop difficile. Je n’ai pas trouvé de réponse simple à cette question. Il existe un mot, en langue allemande, qu’on ne peut pas vraiment traduire dans la nôtre: «le sehnsucht». Il s’agit d’un élan vital, mêlé d’intimité, de délicatesse, de tristesse et de force. Peut-être ce métier est-il fait d’un peu tout cela. Parfois c’est poser un quartier de pomme à côté d’un médicament chaque matin, parfois c’est oser rire alors que c’est difficile. Oser pleurer parce que c’est émouvant, ou effleurer une peau qui n’a pas été touchée depuis longtemps. Cela se fait dans toutes les langues, mais ne se raconte pas facilement. Les images et les textes proposés par le collectif Les Veilleuses montrent ce qui se passe aujourd’hui, comme cela se passe depuis le début de l’Histoire. Là où des femmes et des hommes se sont mis à s’occuper des plus fragiles.
Capter l’immatériel et le fugitif de ce qui fait l’humanité de certains gestes ordinaires n’est pas aisé, c’est pourquoi sont regroupés autour de ce projet des professionnels d’univers différents (médecins, infirmières, journalistes, photographes, metteur en scène et scénariste). Le recueil d’images, de témoignages à la fois en Belgique et dans d’autres pays permettra de mettre en perspective ce qui fait les bases communes de cette profession, d’attester de sa portée à la fois intime et collective. L’ancrage belge du projet vise à témoigner des circonstances politiques et techniques qui affaiblissent actuellement le sens même de cette profession dans un pays qui devrait pourtant avoir les ressources nécessaires pour la préserver à tout moment.
Le travail de Gaël est exposé internationalement dans des galeries, des musées et lors de festivals. Il est publié dans la presse internationale et a remporté de nombreux prix. Pendant sa carrière, il a travaillé avec plusieurs ONG et a reçu des bourses pour ses travaux en Europe et aux États-Unis. Gaël est l’auteur de plusieurs oeuvres monographiques, dont Aveuglément, dans la collection Photo Poche, une histoire sur les coopératives pour aveugles en Afrique de l’Ouest. En 2004, après ses nombreux voyages en Afghanistan, le livre Avoir 20 ans à Kaboul a été publié. Un travail de longue durée avec le spécialiste du cancer chez les enfants Eric Sariban a conduit à la publication en du livre Aujourd’hui c’est demain aux éditions Delpire en 2009. Le livre Voudou est sorti en janvier 2011. Entre 2012 et 2014, il s’est concentré sur la Frontière entre l’Inde et le Bangladesh , un travail qui a donné naissance au livre Le mur et la peur, publié en septembre 2014 dans la Collection Photo Poche à l’occasion de l’exposition au festival Visa pour l’image. Il a également contribué à de nombreuses anthologies. Gaël est fortement impliqué dans la formation des jeunes photographes et a enseigné lors d’ateliers en Turquie, en Haïti, au Bangladesh et au Ghana. Gaël est basé à Bruxelles.